Sue lost in Manhattan
Je poursuis donc mon impossible course après les images en mouvement, collectionnant les rendez-vous avec les comédiens issus de ma cinémathèque idéale. Je me suis penché cette fois sur le très émouvant film d'Amos Kollek, SUE. Film qui prit pour titre Sue perdue dans Manhattan lors de sa sortie en France en 1998.
Face à face avec Anna Thomson (détail)
Amos Kollek 1998
Ghyslain Bertholon 2010
L'occasion m'est donnée de m'élever, une fois encore, contre cette triste habitude qu'on les distributeurs français de renommer les films d'import ; il s'agit le plus souvent de privilégier des titres qui sonnent mieux aux oreilles des francophones ! Faut-il nécéssairement assister et prendre la main les spectateurs exagonaux pour les traîner dans les salles obscures ? Est-il nécéssaire de dénaturer partiellement le travail des auteurs et réalisateurs (le titre particpant inéluctablement de l'oeuvre) ? Je ne le crois pas.
Pour rebondir sur le film de Kollek, je dirais même que le titre français est contre productif car il entraîne le spéctateur sur une fausse piste : ce n'est pas dans Manhattan que se perd Sue, c'est dans sa vie. Manhattan lui offre, a contrario, les seuls éléments et repères lui permettant de garder, quelques temps encore, la tête hors de l'eau. New-york est son jardin, son rêve et son enfer. Elle s'y glisse avec souplesse, s'y faufile avec habileté, y trébuche aussi. Elle en connaît les trucs et les pièges; les puits de lumière et les recoins les plus sombres.
Ce n'est pas cette ville qui est trop abstruse pour elle, c'est elle qui est trop tendre pour cette société. Tout le propos de Kollek est là. Il nous montre une femme à la dérive, inapte à la vie mais s'échine, au fil des scènes, à lui jeter des bouées qu'elle ne saisit pas, à lui tendre des bras qu'elle évite soigneusement, à lui décrocher des sourires qu'elle ne voit pas. C'est subtile. Discret.C'est Sue, le très beau film d'Amos Kollek que je vous invite à découvrir si vous ne le connaissez pas et à revoir si l'occasion vous en est donnée.
Bien à vous,
GhB