Colère divine
Benoît XVI est heureux de vous présenter son dernier film...
Coup de colère d'un artiste cinéphile et amoureux du 7ème art
Comment a-t-on pu attribuer la palme d'or du dernier festival de Cannes à Terrence Malick pour The tree of life ? Ce mystère restera pour moi aussi abscons que l'histoire développée par Malick dans son film. Le message est, quant à lui, très (trop) clair :
Dieu est tout et tout est Dieu.
J'ai rarement vu autant de spectateurs quitter une salle pendant une projection* ; je me suis accroché à mon siège par principe et orgueil. D'abord parce que j'ai pour habitude de regarder un film de la première à la dernière image, ensuite parce que j'ai cru pouvoir déceler ce que ces indélicats, qui fuyaient la salle à toutes jambes, ne pouvaient percevoir... J'ai cherché les références (évidentes à Lynch et surtout à Kubrick), tenté de trouver un sens caché aux images (autre que celui du message d'amour adressé au créateur suprême).
J'ai finalement été abassourdi par le prosélytisme religieux de Malick et la naïveté de sa mise en image. Certaines scènes sont tellement affligeantes de bondieuseries que j'ai cru le film produit par le Vatican.
Brad Pitt passe la moitié de son temps à avancer sa mâchoire inférieure pour paraître menaçant et autoritaire** : le problème c'est que notre prognathe en herbe oublie de le faire durant l'autre moitié du temps. Effet désastreux.
Sean Penn n'a pas vraiment de rôle et traverse l'écran en gardant les yeux toujours mi-clos, sans doute aveuglé par la lueur divine qui émane du film. Affligeant.
Je pourrais tout de même vous dire la beauté de certaines images alignées gratuitement (et pourquoi pas ?), mais j'ai tellement vu ce genre de choses, bidouillées à coup de filtres, d'objectif macro et d'effets logiciels, pendant mes études aux beaux-arts que j'avoue ma lassitude. Il est naturellement parfois utile et nécessaire, pour un futur auteur, de fouiller longuement la forme pour mieux trouver le sens... A 68 ans, je pensais que Malick avait peut-être dépassé cette posture.Visiblement ce n'est pas le cas.
Le plus étrange, c'est que le nébuleux le partage au limpide.
On voit de manière évidente les envies et regrets du réalisateur. Sa volonté de nous amener à penser que tout se rejoint : l'infiniment grand et l'infiniment petit, l'amour et la haine, le beau et le laid, le passé et le présent pour former le grand dessein de Dieu. Evidents aussi ses plans de la lumière perçant les ténèbres (environ 50 fois en 2h20) et ces mains tendues vers le ciel illuminé. Mais terriblement boueux et lourds ses longs tunnels d'images pseudo-aériennes et hallucinées.
Alors un seul conseil : COUREZ VOIR LE GAMIN AU VELO DES FRERES DARDENNE !
Là encore un histoire de père et de fils mais avec une telle subtilité dans son économie de moyens que j'en suis encore bouleversé. Point d'effets spéciaux (ah oui, j'ai oublié de vous préciser que Malick nous rejoue Jurassic Parc dans une scène qui frôle le ridicule si elle ne s'y vautre pas) dans le film du duo belge, non plus de surlignage au marqueur fluo. Tout est posé là avec la délicatesse d'une feuille d'or sur un quotidien pourtant noir et cruel.
A voir absoluement.
A bon regardeur, je vous salue bien.
Ghyslain Bertholon
* dans un cinéma d'art et essai
** il nous a déjà fait le même coup dans Inglorious Bastard