Fumées noires pour nos nuits blanches
Prégantes odeurs de fumées...
Fumées noires pour nos nuits blanches
installation vidéo / G. Bertholon 2005
C'était en 2005, j'avais été invité,par la galerie Roger Tator, à participer à Superflux dans le cadre de la Fête des Lumières de la Ville de Lyon.
Peu de temps auparavant, j'avais été bouleversé par la drame de plusieurs familles africaines mortes dans l'incendie de leur appartement. Appartements insalubres loués fort cher par de gentils citoyens français soucieux d'offrir à leur frère en humanité un toit pour s'abriter.
La presse en avait parlé, mais pas trop, et puis on était très rapidement passé à autre chose. C'est la loi du genre me direz-vous et vous aurez raison : une information en efface une autre, un drame nouveau recouvre le précédent.
Mais j'avais été terriblement gêné par les relents nauséabonds qui se dégageaient du traitement de cette tragédie dans la plupart des média. Il me semblait lire en filigrane que ces sans-papiers n'avaient rien à faire ici. Il m'était alors apparu que si les enfants morts brûlés vifs dans ces circonstances avaient été blancs, l'écho médiatique aurait été tout autre. J'espérais me tromper, être aveuglé par la colère et la douleur...
J'avais décidé de reparler, 4 mois après ces incendies, de ces personnes mortes dans un silence médiatique assourdissant. L'oeuvre s'appelait Fumées noires pour nos nuits blanches et voici le petit texte qui était affiché au pied de l'immeuble "en flamme"pendant cette "fête" des lumières :
Dans la nuit du 25 au 26 août 2005, dix-sept personnes, dont six enfants, ont péri dans l’incendie d’un immeuble « vétuste ».
Quatre jours plus tard, sept personnes, dont quatre enfants, mouraient dans les mêmes conditions. Toutes les victimes étaient d’origine africaine. Tout cela c’est passé à Paris, en France. Ici.
Fumées noires pour nos nuits blanches interroge nos consciences sur ce phénomène en mettant en scène un incendie spectacle au cœur de la ville. Ici, le feu est de pacotille et reprend le principe des cheminées de salon purement décoratives (flammes artificielles).
Un feu sans fumée.
Un feu silencieux pour des flammes qui éclairent nos nuits blanches.
GB2005