Topo rapide pour Ghyslain Bertholon
Topo rapide pour Ghyslain Bertholon
(après la lecture du catalogue Diachromes, Synchromes et Poézies)
C’est en 2005 (voir Libé du 15 juin) qu’apparaissent les taupes de Ghyslain Bertholon. Elles viennent à deux (sortent du trou, jumelles), réfléchissent le paysage avec un « projet pour les crassiers stéphanois ».
Qu’est-ce que la photographie ? serait donc la question. La taupe n’est pas la mieux placée pour la creuser, car la lumière ne lui convient pas. Lorsque la taupe apparaît, la réalité lui échappe, mais le réel mis hors de lui, c’est pas si mal comme effet.
La ville telle qu’en elle-même revient sous la figure de l’autre. La taupe est confortée, et s’incruste. Elle s’endurcit. Au passage, on pourrait l’entendre murmurer. Elle tient la réponse : l’autre de la photographie, qui pareillement échange un négatif un positif c’est la sculpture, elle y est.
A la recherche de la face perdue, la taupe soulève d’autres couvercles. On n’est plus à un retournement près. Les « Chênes de face » sont posés en rideau, tandis qu’une série défile : « Que sommes-nous devenus ? ». Deux portraits s’y raccrochent : « Shérif » et « Je suis né quand il est mort ». Encore l’œil neuf et la vieille peau de taupe : ce qui est creusé, au bout du compte, est moins espace que temps – François Barré a visé juste, en déposant son titre. Diachromes contre Synchromes, le tremblé du visage et le figé du vitrail se renvoient dos à dos.
Le problème est approfondi. On croirait Heisenberg, et son principe d’incertitude : d’une particule, on ne peut tenir à la fois la position et le mouvement. C’est temps ou espace, il faut choisir. Le présent de l’œuvre se paie d’un passé (d’un passage) retourné.
En somme et pour finir, provisoirement : la taupe a vu venir le piège (« You’re welcome »). Ça fonctionne : « r » du large, toute la ville est autour.
octobre 2007

